Go to previous article Go to next article Go to table of contents Go to magazine home page Go to swift home

 

A. DECOURCELLES:

Les migrations des martinet

Je viens de lire, dans votre numéro d'octobre, les très intéressantes et très justes remarques de M.R.Poncy dans son article: „Les migrations des martinets" et je viens donner réponse à sa demande: Que font les martinets la nuit?

- La nuit venue le martinet s'élève à 2 ou 300 mètres et continue à voler jusqu'au matin, et ceci je puis l'affirmer pour deux raisons. La première c'est 'que, me mettant à la fenêtre vers minuit par un jour très chaud de l'été passé, j'ai entendu très nettement le cri bien connu du martinet, cri qu'il fait entendre lorsque plusieurs individus sont réunis et volent de concert. La seconde c'est qu'un autre soir, vers 22 h 1/2, j'en ai vu un (la lune donnant en plein) tomber du ciel comme une pierre et venir s'engouffrer dans un trou de la toiture d'une maison en face de la mienne. Quelques instants après il en ressortait et repartait, ce m'a semblé, vers les hautes couches de l'atmosphère. Donc d'après ma modeste opinion le martinet chasse la nuit.

Les doigts de pieds du martinet sont tous les quatre dirigés en avant. D'où il est impossible au martinet de se percher. Il n'a que la ressource de s'accrocher aux murs. Les martinets volent donc par nécessité. La terre est pour eux un vaste écueil et ils ne s'y posent jamais. S'ils tombent sur elle par quelque accident, ils n'en repartent qu'avec une grande difficulté en se hissant des ongles et du bec sur une motte ou une pierre, car la longueur de leurs ailes et la conformation de leurs pieds ne leur permettent pas de prendre l'essor d'un terrain plat.

Pour son nid, comme le martinet ne commet pas la maladresse d'aller en chercher les matériaux à terre, il a recours à la ruse: il profite des trous déjà abandonnés par les moineaux. Il trouve là des matériaux abondants qu’il dispose à sa guise en les collant avec la glu que son gosier a le pouvoir de secréter. En séchant, cette humeur durcit, prend l’apparence luisante de la gomme et donne à tout l’édifice la consistance et l’élasticité. Comprimé entre les mains le nid se rapetisse sans se rompre; la pression cessant, il revient à sa première forme. Si les moineaux sont encore en ménage, le martinet pénètre effrontément dans leurs nids, pille, bourre, paille et plumes, un peu à l’un, un peu à l’autre et s’en va dans un trou de sa même muraille confectionner son propre nid avec le produit de ses larcins.

Ajoutons, pour finir, que la ponte est de 2 á 4 oeufs, d’un blanc pur et de forme allongée.

(Printed 1922 in Le Chasseur Français.)
©APUSLife 1998, No. 0434

 

Go to previous article Go to next article Go to table of contents Go to magazine home page Go to swift home